Le silence : le secret des gens qui réussissent

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Certains d’entre nous ont peur de se retrouver seuls dans un endroit calme et silencieux, d’autres ne supportent pas un instant passé dans l’inconnu. Ce silence, qu’on a tendance à fuir, semble être le pilier de toute réussite.

Quand nous observons de près le quotidien des gens qui ont posé les premières briques du monde moderne, il est facile de constater qu’ils s’imposaient le silence. Dans leur environnement de réflexion, loin du bruit assourdissant de cette société en évolution, ces personnes ont résolu des problèmes qui impactent le quotidien de chacun d’entre nous. Ils ont établi des approches que très peu d’entre nous ne pouvaient imaginer. Ils ont fait de ce monde ce qu’il est à ce jour, tout en exploitant les capacités inégalées de l’esprit humain. Alexander Graham Bell, Albert Einstein et Steve Jobs font partie de ceux qui ont su utiliser le pouvoir du silence pour accroître leurs performances.

Aussi effrayant qu’il puisse être, le silence a toujours été recherché par les élus. Bien avant Jobs, Bell ou Einstein, au troisième siècle, une époque beaucoup plus calme que la nôtre, les pères et les mères du désert ont prêché le silence. Au sixième siècle, Benoît de Nursie, un saint chrétien connu comme le « père du monachisme occidental », l’inclut dans sa règle des moines [1] : une règle monastique écrite pour guider les disciples dans la vie monastique communautaire.

Un siècle plus tard, le prophète de l’islam, Muhammad, recevait les premières révélations du Coran dans la grotte silencieuse de Hira. Bien avant ce jour, Muhammad effectuait de nombreuses retraites spirituelles dans cette grotte, loin des vices des Mecquois de l’époque. Durant ses retraites, il contemplait les étoiles en se questionnant à propos de la source de la création jusqu’au jour où descendit l’ange Gabriel qui lui enseigna les premiers versets du Coran. [2]

L’histoire ne se limite pas qu’à cela. Thomas Merton, un moine qui suivait la règle de saint Benoît et qui a vécu de temps en temps à New York raconte dans son livre « The Seven Storey Mountain » que :

« L’atmosphère de la ville est soudainement devenue terriblement tendue avec les nouvelles qui sont sorties des radios. Avant de savoir quelle était la nouvelle, j’ai commencé à ressentir la tension, car j’étais soudainement conscient que les murmures calmes et les disparates de différentes radios dans différentes maisons étaient imperceptiblement fusionnés en une seule voix unifiée et menaçante, qui vous suivait dans toutes les directions ».

La radio était l’une des nombreuses choses que Merton était heureux de laisser derrière lui en entrant dans l’abbaye Notre-Dame de Gethsemani. Assis dans l’obscurité et dans un silence humain, il a « commencé à entendre la nuit éloquente, la nuit des arbres humides, avec le clair de lune glissant sur l’épaule de l’église dans la brume d’humidité… » et retrouva ses silences les plus féconds. Selon Merton, le monde des hommes a oublié les joies du silence et la paix de la solitude qui sont nécessaires, dans une certaine mesure, à la plénitude de la vie humaine.

Alors, vous allez me dire :  « Pour un religieux, c’est logique non ? Dis-moi plutôt comment Steve Jobs a exploité le pouvoir du silence pour gagner autant d’argent. »

Eh bien, petit impatient, sache que le pouvoir du silence va bien au-delà de la richesse. Et comme Thomas Merton l’a mentionné dans son livre « The Silent Life » :

« Tous les hommes ne sont pas appelés à être des ermites, mais tous ont besoin d’assez de silence et de solitude dans leur vie pour permettre à la voix intérieure profonde de leur véritable être d’être entendue au moins occasionnellement. Lorsque cette voix intérieure n’est pas entendue, lorsque l’homme ne peut pas atteindre la paix spirituelle qui vient d’une union totale avec son vrai être, sa vie est toujours misérable et épuisante, car il ne peut vivre longtemps heureux sans être en contact avec les sources de la vie spirituelle qui sont cachées au plus profond de son âme. Si l’homme est constamment exilé de sa propre maison, exclu de sa propre solitude spirituelle, il cesse d’être une vraie personne. Il ne vit plus en être humain. »

Qu’en est-il du silence dans la vie des bâtisseurs du monde moderne ?

Alexander Graham Bell, le célèbre inventeur du téléphone, serait sûrement impressionné et horrifié de voir ce qui s’est passé dans le monde depuis que son brevet de téléphone a été accordé. Horrifié par le téléphone portable, ou plutôt par ce mini gadget d’à peine quelques centimètres qui force la santé mentale de beaucoup de jeunes à s’échapper de leur crâne lorsqu’ils ne reçoivent pas suffisamment de « like » sur leur photo Instagram. Sans oublier que la plupart des gens sont pris par des mouvements et des routines incessants, étouffant ainsi leur créativité et les empêchant de concevoir l’avenir qu’ils désirent le plus.

Bell, contrairement à la plupart d’entre nous, a compris le pouvoir du silence dans la conduite de ses pensées créatives. Lorsqu’il sentait des agitations d’idées dans son cerveau, il se retirait vers son lieu de travail sans nourritures ni boissons et demandait que personne (ni même sa femme) ne le dérange de peur que de telles interruptions ne l’empêchent de concevoir ses idées. Selon lui, les pensées sont comme des moments précieux qui passent : une fois parties, elles ne pourront plus jamais être rattrapées.

Et si on parlait d’Albert Einstein ?

Considéré comme l’un des plus grands scientifiques de l’histoire et surtout connu pour sa théorie de la relativité générale, Albert Einstein a utilisé le pouvoir du silence pour concevoir l’inimaginable. Il a déclaré un jour à ce sujet : « Je pense 99 fois et je ne trouve rien. J’arrête de penser, je nage en silence et la vérité me vient. »

Einstein avait compris que la pensée est surfaite et que le silence est sous-estimé. Dans notre monde bruyant, la plupart des bruits que nous éprouvons quotidiennement viennent de l’intérieur de notre propre tête, de nos pensées discursives, du bavardage continu dans notre esprit. Einstein, lui, avait compris que le silence était un antidote pour son esprit surchargé de travail.

Ce silence, qui crée le calme et la clarté, crée aussi l’espace pour que les sentiments et les sensations entrent et soient vécus comme une conscience incarnée. Il nous permet de saisir et de donner un sens à ce qui est communiqué ou exécuté. Sans lui, tout son, toute parole ou toute musique perd sa cohérence et sa signification. Ceci était clair pour Mozart qui déclara que : « la musique n’est pas dans les notes, mais dans le silence qui se trouve entre elles. »

Qu’en est-il de Steve Jobs ?

Steve Jobs, en entier Steven Paul Jobs, est l’un des premiers entrepreneurs à comprendre que l’ordinateur personnel plairait à un large public. Il est considéré comme l’une des trois plus grandes icônes de la haute technologie, rivalisé par Bill Gates et peut-être Mark Zuckerberg. Il est aussi connu pour sa capacité légendaire à créer des produits innovants et révolutionnaires.

Cependant, peu de personnes savent qu’il a été un pionnier dans ce qui était autrefois une « technologie de l’esprit » plutôt ésotérique. Il s’agissait d’utiliser la méditation de pleine conscience pour réduire le stress, gagner en clarté et améliorer sa créativité. Jobs a déclaré en ces termes :

« Si vous vous asseyez et observez, vous verrez à quel point votre esprit est agité. Si vous essayez de le calmer, cela ne fait qu’empirer, mais au fil du temps il se calme, et quand il le fait, il y a de la place pour entendre des choses plus subtiles… C’est alors que votre intuition commence à s’épanouir et que vous commencez à voir les choses plus clairement et à être plus présent dans le présent… Votre esprit ralentit et vous voyez une immense étendue dans le moment. Vous voyez tellement plus que vous ne pouviez voir auparavant. C’est une discipline et vous devez le pratiquer ».

La méditation est donc l’une des meilleures façons d’intégrer le calme à votre journée et d’appréhender le silence et son pouvoir sur votre esprit. Elle a permis à Steve Jobs de voir clair dans l’avenir de son entreprise et de se connecter à ce qu’il croyait être sa mission au point où il conseilla Mark Zuckerberg d’aller visiter le temple dans lequel il était passé en Inde [3]. Le reste appartient désormais à l’histoire.

Le silence est donc la porte d’entrée vers des pensées non découvertes. Il nous donne un aperçu du « pourquoi » derrière nos comportements et nous enseigne à travers le subconscient ce que le conscient ne peut dénicher. Pendant que nous sommes excités à prendre certaines décisions et à agir d’une certaine manière, le silence nous force à nous demander si nos comportements sont alignés avec nos valeurs et nos intentions, et nous permet ensuite de déterminer la meilleure façon d’agir face à ladite situation.

Le silence favorise la conscience de soi et nous permet de nous connecter avec notre environnement. Lorsque vous êtes silencieux, vous remarquerez un changement distinct dans votre capacité à être plus conscient de vous-même, de vos émotions et de vos sentiments. Il peut être effrayant, à première vue, de se retrouver face à ses propres pensées et de découvrir la source réelle de ses problèmes les plus profonds. Cependant, cette étape est nécessaire pour un contrôle absolu de notre être et de notre environnement.

Le silence constitue une discipline par laquelle des prophètes aussi variés que Moïse, Jean-Baptiste, Jésus, Bouddha et Muhammad se sont préparés à leurs ministères et ont reçu des révélations qui fondaient de nouvelles religions. C’est une discipline qui a permis à des dirigeants comme Abraham Lincoln, Winston Churchill ou Theodore Roosevelt de prendre des décisions qui définissent l’histoire. C’est aussi une discipline qui a permis à des penseurs comme Alexander Graham Bell, Albert Einstein et Steve Jobs d’apporter des solutions que très peu d’entre nous ne pouvaient concevoir.

Et comme l’a dit Wayne Dyer : « Les pensées émergent du néant du silence. Les mots sortent du vide. Votre essence même a émergé du vide. Toute créativité nécessite une certaine tranquillité. »

 

Notes

  1. The holy Rule of st. Benedict, tr. by a priest of Mount Melleray (1865)  https://books.google.ca/books?id=FfACAAAAQAAJ&pg=1&source=kp_read_button&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false, (vu le 12-02-2021)
  2. La vie de Muhammad (1981) https://www.islam-ahmadiyya.org/images/stories/pdf/la_vie_de_Mohammad_saw_web.pdf (vu le 15-02-2021)
  3. Gowen, A. (2015, October 31). Inside the Indian temple that draws America’s tech titans. Retrieved February 18, 2021, from https://www.washingtonpost.com/world/asia_pacific/inside-the-indian-temple-that-draws-americas-tech-titans/2015/10/30/03b646d8-7cb9-11e5-bfb6-65300a5ff562_story.html

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