Comment réussir vos résolutions du Nouvel An ?

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Tout a commencé, il y a plus de 4000 ans, lors de l’ancienne fête babylonienne d’Akitu. Au cours de cette célébration de 12 jours, les Babyloniens célébraient la « renaissance du monde naturel ». Ils plantaient des récoltes, couronnaient un nouveau roi (ou réaffirmaient le pouvoir du roi existant), faisaient des promesses à leurs dieux et remboursaient leurs dettes. Ils croyaient que s’ils tenaient parole, les dieux les regarderaient favorablement pour l’année à venir. Dans le cas contraire, ils pensaient tomber du mauvais côté de leurs dieux. [5]

Cette tradition s’est poursuivie dans la Rome antique. En 153 av. J.-C., le Sénat romain a déclaré que la nouvelle année commencerait le 1er janvier. Cependant, ce n’est que lorsque Jules César a pris le trône, en 49 av. J.-C., que le calendrier a été ajusté pour que janvier tombe là où il se trouve aujourd’hui.

Durant ces époques, les résolutions du Nouvel An étaient de nature morale et religieuse. Les gens réfléchissaient à leurs erreurs de l’année précédente et prenaient les moyens nécessaires pour s’améliorer. De nos jours, cette tradition s’agit plutôt d’une pratique laïque qui regroupe un peu de tout. Certains d’entre nous souhaitent avoir plus d’argent, fonder une famille ou perdre du poids. D’autres veulent plutôt arrêter de fumer, arrêter d’être trop gentils ou adopter un chaton.

Cependant, non seulement les gens prenaient des résolutions depuis tout ce temps, mais ils les enfreignaient également et les utilisaient comme excuses pour un mauvais comportement avant le Nouvel An, un peu comme aujourd’hui.

Alors qu’environ 60% d’entre nous prennent les résolutions du Nouvel An chaque année, seulement 8% d’entre nous les réalisent [4]. Il y a donc quelque chose de subtil qui nous échappe. Quelque chose qui fait le pont entre ceux qui atteignent leurs objectifs et ceux qui peinent sur ces mêmes objectifs. Avant de l’aborder, découvrons d’abord ce qui cause l’échec de la plupart des résolutions du Nouvel An.

Pourquoi échouons-nous nos objectifs ?

Pour illustrer cela, prenons la résolution du Nouvel An la plus clichée adoptée par Mark cette année : « Je veux perdre 10 kilos et avoir l’air sexy pour l’été. » La plupart d’entre nous ont déjà pris cette résolution à un moment donné de notre vie.

Après s’être remis de sa frénésie du réveillon du Nouvel An, Mark s’est inscrit au gymnase le 2 janvier et se forçait d’y aller 4 à 5 fois par semaine, principalement par culpabilité parce qu’il a dépensé tellement d’argent qu’il pense devoir l’utiliser. Quelques jours plus tard, il sent de la fatigue envahir son corps et pense avoir besoin d’un hamburger, ou de crème glacée, ou d’un hamburger à la crème glacée.

Nous sommes le 1er février et Mark est déjà de retour dans ses anciennes habitudes en train de se demander : « Comment se fait-il que tous mes vêtements semblent rétrécir ? »

Cela dure depuis un moment et les choses ne cessent de s’empirer. Tout changement qu’il entreprend dans sa vie le conduit, à un moment donné, à un niveau plus bas qu’il ne l’était auparavant.

Tout comme Mark, la plupart des gens ont tendance à penser que lorsqu’ils fournissent X efforts, ils obtiendront Y. Ils ont tendance à se fixer des objectifs bien au-delà de leurs capacités ou de leurs connaissances, puis à se sentir frustrés lorsqu’il y a peu ou pas de progrès vers ces derniers. Certains d’entre eux ont tendance à prendre des « raccourcis » pour atteindre leurs objectifs, comme se priver de nourriture pour perdre du poids ou tricher pour obtenir une bonne note à un test. Des raccourcis qui risquent de saboter leur vie à long terme.  [1]

Tout comme le fait de vous forcer à travailler et à épargner pendant 20 ans est peu susceptible de vous rendre riche, vous forcer à aller au gymnase des dizaines de fois ne vous fera probablement pas perdre du poids sans que vous ne le repreniez plus tard. De tels objectifs nécessitent des efforts considérables que vous n’êtes pas en mesure de supporter. Finalement, votre énergie s’épuise et vous revenez à la même personne que vous étiez, sauf que cette fois-ci, vous vous sentez vaincu.

Ceci parce qu’il est préférable d’investir votre énergie sur la mise en place d’habitudes plutôt que sur des objectifs spécifiques.

Les habitudes

La plupart d’entre nous ne se concentrent généralement pas sur les habitudes parce que les objectifs semblent beaucoup plus « sexy » dans notre esprit. Nous nous sentons plus motivés au moment où nous pensons à ces objectifs, car il y a une image claire d’un certain résultat dans notre tête qui nous excite.

Les habitudes, en revanche, ne semblent pas aussi sexy dans nos têtes. Elles sont à long terme, répétitives, et n’ont pas de point final à atteindre, ce qui les rend ennuyeuses. Le seul objectif d’une habitude est que l’activité ne s’arrête jamais. Il s’agit simplement d’une répétition quotidienne ou hebdomadaire que l’on effectue jusqu’à ce que la mémoire musculaire et la chimie cérébrale entrent en jeu et que nous arrivions à effectuer l’action souhaitée sans nous en rendre compte.

Avec des objectifs, chaque jour que vous retournez à la salle de sport semble plus difficile. Quant aux habitudes, après un certain temps, il est plus difficile de ne pas aller au gymnase que d’y aller. Par conséquent, elles constituent un meilleur investissement de votre énergie et de votre autodiscipline.

Il est bien d’avoir des objectifs comme « perdre 20 kilos d’ici l’été ». Toutefois, ce n’est pas ce sur quoi votre esprit devrait se concentrer. Vous devez plutôt examiner les habitudes qui sous-tendent cet objectif, par exemple, manger mieux, marcher plus souvent au lieu de prendre un taxi, élaborer un plan d’entraînement, puis vous concentrer sur celles-ci.

L’astuce consiste à définir vos objectifs et à les oublier au profit des habitudes.

L’art de mettre en place des habitudes

Pour réussir à mettre en place de nouvelles habitudes, il y a deux règles que vous devez retenir.

Règle numéro 1 : Certaines habitudes sont meilleures que d’autres

Ces habitudes sont appelées des « habitudes clés ». Il s’agit des habitudes qui, une fois adoptées, auront des répercussions dans d’autres domaines de votre vie, ce qui rend l’acquisition d’autres habitudes souhaitables plus naturelle avec moins d’efforts. [2]

Malheureusement, les chercheurs n’ont pas été aussi doués pour dire exactement quelles habitudes donnent les meilleurs rendements. Par conséquent, vous voyez beaucoup d’articles idiots citant des choses comme « faites votre lit tous les jours » ou « ayez simplement plus de volonté! » parce qu’ils ont entendu ce gars le dire une fois et ça avait l’air intelligent.

La mise en place de vos habitudes commence donc par déterminer la bonne habitude qui au départ semble complexe, mais qui finit par avoir des répercussions dans d’autres domaines de votre vie. Par exemple, vous pourriez décider de soulever des poids.

En plus de vous rendre plus fort, cette activité vous fournira également plus d’énergie, améliorera votre concentration et vos performances mentales, réduira les effets du vieillissement, augmentera votre métabolisme, aidera votre corps à mieux traiter les aliments, etc. Ses avantages se répercuteront donc dans d’autres domaines de votre vie, ce qui facilitera l’acquisition de nombreuses autres habitudes et compétences positives.

Ces habitudes, désormais définies, sont à présent sujettes de pratiques régulières. Ces pratiques dureront un certain temps avant d’être exécutées sur pilote automatique. Combien de temps faut-il alors pour qu’il en soit ainsi ? Cela nous conduit au second point.

Règle numéro 2 : Le temps de mise en place d’une habitude varie d’une personne à une autre

Dans une étude effectuée en 2010, Lally, une chercheuse en psychologie de la santé, et son équipe de recherche ont décidé de déterminer le temps qu’il faut réellement pour adopter une habitude. [3]

L’étude a examiné les habitudes de 96 personnes pendant une période de 12 semaines. Chaque personne a d’abord choisi une nouvelle habitude qu’elle souhaitait mettre en place pendant les 12 prochaines semaines. Elle devait ensuite, chaque jour, déclarer si elle avait adopté ou non le comportement ciblé et à quel point le comportement s’était fait de manière automatique.

À la fin de l’étude, les chercheurs sont arrivés à la conclusion qu’il faut, en moyenne, 66 jours pour qu’un nouveau comportement devienne automatique. Cependant, le temps qu’il faut pour mettre en place une nouvelle habitude peut varier considérablement selon le comportement, la personne et les circonstances.

Une personne qui décide de boire une bouteille d’eau à chaque réveil prendra probablement moins de temps pour adopter l’habitude qu’une autre qui doit courir 30 minutes avant le dîner. De même, une personne qui décide de faire 15 minutes de méditation par jour peut adopter l’habitude en 30 jours alors qu’une autre peut en prendre 30 de plus.

En d’autres termes, si vous souhaitez définir vos attentes de manière appropriée, définissez votre habitude sans date limite et rappelez-vous que le seul objectif de l’habitude est que l’activité ne se termine jamais.

En plus de cette découverte, Lally et son équipe ont également constaté que le fait de « manquer une occasion d’exécuter le comportement n’affectait pas matériellement le processus de formation des habitudes ». En d’autres termes, peu importe si vous échouez de temps en temps, cela n’impactera pas le processus de mise en place de vos habitudes.

Au départ, vous pourriez penser qu’il vous faudra plus de temps et d’efforts pour atteindre certains objectifs. Détrompez-vous, car nous semblons avoir un biais qui sous-estime ce qu’il faut pour atteindre de très grands objectifs dans la vie et surestime l’effort requis pour entreprendre une série de petits objectifs. Dans la plupart des cas, ce sont les petites victoires accumulées sur une certaine période de temps qui conduisent aux plus grandes victoires. Lorsque vous arrivez à vous concentrer sur ces petites victoires quotidiennes au point où vous ne réalisez même pas que vous avez atteint l’un de vos grands objectifs jusqu’à ce qu’il ait déjà été dépassé, sachez que vous avez atteint l’objectif de l’habitude.

C’est à vous de jouer maintenant.

Notes

  1. Ordóñez, LD, Schweitzer, ME, Galinsky, AD et Bazerman, MH (2009). Goals Gone Wild: Les effets secondaires systématiques de la prescription excessive d’objectifs. L’Académie des perspectives de gestion, 23 (1), 6–16.
  2. Duhigg, C. (2012). Le pouvoir de l’habitude: pourquoi nous faisons ce que nous faisons dans la vie et les affaires. Maison aléatoire.
  3. Lally, P., van Jaarsveld, C.H.M., Potts, H.W.W. and Wardle, J. (2010), How are habits formed: Modelling habit formation in the real world. Eur. J. Soc. Psychol., 40: 998-1009. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ejsp.674
  4. 10 top New Year’s resolutions for success and happiness in 2019 @bizzwriter https://www.inc.com/peter-economy/10-top-new-years-resolutions-for-success-happiness-in-2019.html
  5. The History of New Year’s Resolutions https://www.history.com/news/the-history-of-new-years-resolutions.

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